Michael Sikorav, Psychiatre

Présentation

Résumé de la vidéo “Bipolaire et psychiatre : le témoignage du Dr Sikorav”

Le Dr Sikorav raconte un parcours de trouble bipolaire type 2, longtemps masqué par des dépressions hivernales récurrentes et des hypomanies peu visibles, donc sous-estimées. L’enfance est sans traumatisme, avec hyperactivité, inattention relative, et des crises émotionnelles apaisées par des douches froides, que ses parents ont su contenir. Les premières dépressions surviennent à l’adolescence, avec un état mixte jaloux et agressif, mais le récit social attribue à tort la dépression à une rupture amoureuse, une situation souvent rencontrée par un psychiatre et bipolaire. Il consulte plusieurs psychologues, sans diagnostic précoce malgré des antécédents familiaux alarmants de bipolarité et suicides, et découvre le rôle central de l’évaluation familiale. À 14 ans, un pédopsychiatre prescrit un antidépresseur; l’amélioration lente reflète le cours naturel d’une dépression bipolaire, pas l’efficacité du traitement, soulignant l’importance de réévaluer vite en cas d’absence de réponse. La TCC échoue car l’épuisement rend les exercices irréalisables; il critique l’idée d’un “one size fits all” thérapeutique pour des troubles chroniques complexes. Sa scolarité souffre d’un fort pattern saisonnier: effondrement en hiver, rebond spectaculaire en été; l’environnement scolaire interprète cela comme une incapacité, ajoutant culpabilité et stigmate, ce que de nombreux psychiatres et bipolaires connaissent.

À l’âge adulte, il enchaîne des dépressions de novembre à mai, avec des phases hautes marquées par la rage, l’insomnie, et des comportements humiliants, abîmant amitiés et couple. Un épisode suicidaire évité de justesse le conduit à un psychiatre qui prescrit fluoxétine et benzodiazépines, causant des effets digestifs sévères et sans bénéfice, précipitant la rupture de couple. Il souligne le coût d’un traitement inefficace, même bien toléré: le temps perdu brise des liens. À Paris, un psychiatre identifie une élévation résiduelle malgré l’amélioration, ce qu’il rejette d’abord, avant de constater la rechute saisonnière attendue. Il insiste sur la nécessité d’impliquer la famille comme “curseur” objectif, car l’auto-perception est biaisée; sa femme devient repère clinique et condition de sécurité, un dispositif essentiel pour quelqu’un à la fois psychiatre et bipolaire. Il critique l’écart entre essais et réalité: patients complexes, cycles rapides, états mixtes, comorbidités, requièrent pharmacologie adaptée et suivi réactif, pas des attentes de trois mois.

Son internat révèle des limites systémiques: prescriptions inadaptées, effets secondaires négligés, accès difficile au soin, rigueur hétérogène selon services. Il expérimente aripiprazole, avec akathisie sévère nécessitant action rapide; puis lithium, interrompu pour polyurie massive; d’autres pistes échouent. Il dénonce l’optimisme thérapeutique déconnecté du vécu des patients complexes, et l’insuffisante personnalisation des soins. Un message cinglant d’un professeur agit comme déclic: il décide de se soigner avec exigence et de refuser les compromis qui l’exposent. Il met en place une hygiène de vie stricte, sans alcool ni drogues, horaires réguliers, et assume publiquement le diagnostic pour lever la honte et structurer son environnement. Sa plus grande fierté est d’avoir maîtrisé son trouble au prix de sacrifices constants, et de défendre une psychiatrie qui écoute les familles, ajuste vite les traitements, et reconnaît les limites des protocoles face au réel pour qu’un psychiatre et bipolaire puisse mieux vivre sa réalité.

Le témoignage en vidéo