A portrait capturing the contrast of a smiling woman with expressions of despair in black and white.

Qu’est ce que la bipolarité ?

La bipolarité, ou trouble bipolaire (anciennement appelée psychose maniaco-dépressive ) est une maladie psychique chronique caractérisée par des variations de l’humeur disproportionnées, tant en intensité qu’en durée. Cette pathologie se manifeste par une succession de phases très contrastées : des épisodes d’euphorie intense (manie ou hypomanie) alternent avec des périodes de dépression sévère, séparées par des intervalles où l’état émotionnel se stabilise et l’humeur redevient équilibrée (phases stables ou euthymie).

Caractéristiques principales

Les phases d’un trouble bipolaire se divisent généralement en trois états distincts :

Phase maniaque

Durant la phase maniaque du trouble bipolaire, la personne peut se retrouver épuisée physiquement et psychologiquement, en raison de symptômes marquants tels que l’hyperactivité, une euphorie excessive, une irritabilité accrue et plusieurs autres manifestations caractéristiques.

Phase stable

Durant a phase stable (aussi appelée période d’euthymie) correspond à un moment où l’humeur de la personne demeure équilibrée et stable, sans manifestation de symptômes dépressifs ou maniaques ; l’individu retrouve alors un fonctionnement émotionnel et psychique normal, ce qui lui permet de pleinement reprendre ses activités du quotidien, d’entretenir ses relations et d’apprécier la vie sans être entravé par des troubles de l’humeur.

Phase Dépressive

La phase dépressive se caractérise par une tristesse profonde et persistante, accompagnée d’une perte marquée d’intérêt ou de plaisir pour les activités quotidiennes, une grande fatigue, des troubles du sommeil et de l’appétit, ainsi qu’un sentiment de dévalorisation ou une diminution de l’estime de soi ; à cela s’ajoutent souvent des difficultés de concentration et des idées noires, pouvant aller jusqu’aux pensées suicidaires, qui viennent altérer le fonctionnement global de la personne, tant dans ses relations que dans sa vie professionnelle et familiale

Types de troubles bipolaires

S’il est tentant de considérer les troubles bipolaires comme une seule et même pathologie, la réalité est plus nuancée. Il existe en effet plusieurs types de bipolarité reconnus, et une même forme de bipolarité peut varier d’une personne à l’autre. Voici les principaux types de bipolarité connus.

Trouble bipolaire de type 1

Caractérisé par au moins un épisode maniaque ou mixte, accompagné ou non d’épisodes dépressifs majeurs

Trouble bipolaire de type 2

Ce type de typologie associe au moins un épisode dépressif majeur avec une hypomanie (forme atténuée de la manie)

Cyclothymie

Forme plus légère avec alternance de périodes de bonheur et de tristesse, sans que cela empêche une vie normale

D’autres types de bipolarité existent mais ils ne sont pas référencés dans le DSM-5 :

Trouble bipolaire de type 3
Le trouble bipolaire de type 3 est provoqué par la prise d’antidépresseurs qui génèrent des phases maniaques. Quant aux phases dépressives, elles sont causés par des antécédents familiaux de manies et/ou de troubles bipolaires.

Les personnes ayant des troubles bipolaires de type 3 peuvent avoir des sautes d’humeurs tout en étant en phase dépressive.

Différence avec les variations normales d’humeur

Tout le monde peut passer par des hauts et des bas dans sa vie émotionnelle, c’est tout à fait normal. Mais dans le cas du trouble bipolaire, ces changements d’humeur sont beaucoup plus intenses et peuvent vraiment compliquer la vie de tous les jours. Il existe aussi une forme plus légère appelée cyclothymie : les variations d’humeur y sont présentes, mais elles sont généralement moins marquées. Même si elle peut être plus facile à supporter, la cyclothymie reste un trouble reconnu, et elle peut parfois avoir un impact sur le quotidien.

Prévalence

La prévalence des troubles bipolaires varie un peu selon les études et les régions du monde, mais les chiffres restent globalement proches. D’après l’Organisation mondiale de la santé, environ 40 millions de personnes vivaient avec un trouble bipolaire en 2019, soit un peu plus d’une personne sur 160 (0,6 % de la population adulte mondiale).

En France, la prévalence est estimée autour de 2,5 %, ce qui correspond à environ 1,6 million de personnes. Les troubles bipolaires touchent aussi bien les hommes que les femmes, mais les données de Santé publique France suggèrent que les femmes reçoivent un diagnostic environ 1,6 fois plus souvent que les hommes.

Diagnostic et prise en charge

Le trouble bipolaire apparaît le plus souvent chez le jeune adulte, entre 15 et 25 ans. Dans de nombreux cas, le premier diagnostic posé est celui de dépression, car les symptômes dépressifs sont communs aux troubles bipolaires de type I et II.

C’est pour cette raison que le diagnostic du trouble bipolaire est difficile à établir. En moyenne, il faut entre 8 et 10 ans avant d’obtenir un diagnostic précis.

La bipolarité est une maladie sérieuse qui nécessite un traitement au long cours. Mais avec une prise en charge adaptée, il est tout à fait possible de mener une vie équilibrée et épanouie.

Suivez notre guide pour savoir comment suivre le parcours de soins pour les personnes bipolaires.

Origines de la pathologie

Les causes du trouble bipolaire ne sont pas encore clairement identifiées, mais elles semblent résulter d’une combinaison de plusieurs facteurs.

Facteurs génétiques

L’implication de facteurs biologiques dans le trouble bipolaire est indéniable, se manifestant par des dysfonctionnements dans la synthèse et la communication des neurotransmetteurs ,accompagnés de dérèglements hormonaux, particulièrement concernant le cortisol, hormone centrale dans la réponse au stress. Ces perturbations biologiques trouvent leur origine dans des variations génétiques, expliquant ainsi pourquoi le trouble bipolaire présente une forte tendance à se transmettre au sein des familles.
L’existence d’une « vulnérabilité » génétique. La prédisposition génétique est le premier facteur dans l’origine de la maladie.

L’estimation de ce facteur dans l’apparition de la maladie est entre 60 et 85%.

Facteurs environnementaux et psychosociaux

L’environnement dans lequel grandit le jeune adulte peut jouer un rôle dans l’apparition de la bipolarité. Les facteurs environnementaux sont ceux-là :

  • Stress et événement de la vie
    Les premiers épisodes de trouble bipolaire surviennent souvent à la suite d’un événement stressant ou d’un surmenage, comme un gros manque de sommeil, un décalage horaire important ou le travail de nuit. D’autres difficultés de la vie, telles que des soucis de couple, des problèmes au travail ou des ennuis financiers, peuvent aussi favoriser l’apparition des épisodes
  • Traumatismes 
    Vivre des traumatismes, surtout dans l’enfance comme des abus ou de la maltraitance, augmente le risque de développer un trouble bipolaire. La maltraitance étant associée à une forme plus sévère et un pronostic moins favorable.
  • Substances 
    L’alcoolisme, la toxicomanie et l’abus de certaines substances peuvent constituer des éléments déclencheurs.
  • Facteurs médicaux 
    Les infections du système nerveux et les traumatismes crâniens peuvent parfois déclencher la maladie.
  • Environnement urbain 
    Des études montrent qu’il y a plus de troubles bipolaires en ville qu’à la campagne, particulièrement dans les zones urbaines très denses.

Impact et risques

Le trouble bipolaire peut avoir des conséquences graves sur la vie personnelle, familiale et professionnelle des personnes atteintes. Il est associé à un risque de suicide d’environ 15% chez les personnes bipolaires. Ce taux augmente particulièrement chez les adolescents où 44% des jeunes atteints seraient à risque.

Il existe notamment d’autres risques pour la personne ayant des troubles bipolaires.

Espérance de vie

Selon l’OMS, l’espérance de vie serait diminué d’environ 10 ans. La cause est entre autre le suicide et les maladies cardiovasculaires. Mais si la personne est bien suivi par une équipe multidisciplinaires, l’espérance de vie pourrait augmenter.

Difficultés professionnelles et éducatives

Les personnes bipolaires même bien suivis peuvent faire des rechutes et entrer dans des phases maniaques ou dépressives. Ces épisodes maniaques et dépressifs peuvent conduire à une rupture de contrat de travail, qu’il s’agisse d’un licenciement, de la non-reconduction d’un contrat temporaire ou de l’interruption d’une mission d’intérim.

La maladie peut affecter l’exécution les taches quotidiennes dans la vie professionnelle comme personnelle si un évènement vient perturber la routine mise en place, comme la stigmatisation ou la multiplication des taches. Ces épisodes peuvent aussi perturber l’apprentissage et limiter les possibilités en matière d’éducation et d’emploi.

C’est pour cela qu’il est indiqué de suivre une psychoéducation complète via des formations en ligne ou avec l’aide d’un(e) psychologue. La psychoéducation permet d’accepter la maladie, de devenir un professionnel de sa maladie et d’anticiper les évènements qui peuvent être perturbants.

Vie familiale et sociale

La maladie dans sa phase aiguë(manie) peut avoir des conséquences sur la vie familiale également. Des conflits et affrontements peuvent survenir au sein de la famille, allant jusqu’à sa complète désorganisation. L’entourage peut vivre dans la peur des rechutes surtout dans les phases maniaques qui sont moins faciles à gérer pour les proches. Pour les couples, cela peut conduire à la séparation ou le divorce dans le cas où l’on est marié.

Si les proches ont du mal supporter les changements d’humeur, il est tout a fait possible de les former pour mieux appréhender ces évènements.